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Quand je regarde un objet et que la projection qui s’en trace dans le fond de mon œil, y change sans cesse de place, je dois apercevoir que cet objet est en mouvement. Mais si je marche en même temps que je le regarde, comme je sais aussi la quantité de mouvement que je me donne, quoique 1 image de cet objet change de place dans le fond de mes yeux, je dois le voir immobile ; si ce n’est que le mouvement que je sais que je me donne en marchant, ne soit pas proportionné au changement de place que je sais qu’occupe sur mon nerf optique l’image de cet objet.

Il est évident que si je ne savais pas exactement la grandeur des projections qui se tracent sur le nerf optique, la situation et le mouvement de mon corps, et divinement pour ainsi dire l’optique et la géométrie ; quand il dépendrait de moi de former en moi les perceptions des objets, je ne pourrais jamais apercevoir la distance, la figure, la situation et le mouvement d’aucun corps. Donc il est nécessaire que la cause de toutes les perceptions que j’ai, lorsque j’ouvre