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de l’image qui se peint dans le fond de mon œil. Or l’optique m’apprend que plus les objets sont éloignés, plus leurs images ou leurs projections sont petites. Donc par la grandeur de l’image, je dois juger que l’objet, dont je sais d’ailleurs à peu près la grandeur ordinaire, est aussi à peu près à telle distance. Mais ce moyen n’étant pas si exact, il faut que je me serve de mes deux yeux, pour connaître plus exactement la distance de l’objet. De même lorsqu’un homme s’approche de moi, je juge par les moyens précédents ou d’autres semblables, que la distance de lui à moi diminue : mais comme par la connaissance que j’ai de ce qui se passe dans mes yeux, je sais que la projection qui s’en trace dans le fond de mes yeux, augmente à proportion qu’il est plus proche ; et que l’optique m’apprend, que les hauteurs des images des objets sont en raison réciproque de leurs distances, je juge avec raison que je dois me donner de cet homme une perception de grandeur toujours égale, quoique son image diminue sans cesse sur mon nerf optique.