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que j’ai de mes yeux, je sais la distance qui est entre eux. Je sais aussi par leur situation, les deux angles que leurs axes qui concourent au même point de l’objet, font avec la distance de mes yeux. Voilà donc trois choses connues dans un triangle, sa base et deux angles. Donc la perpendiculaire tirée du point de l’objet sur le milieu de la distance qui est entre mes yeux, laquelle marque l’éloignement de l’objet qui m’est directement opposé, peut être connue par la connaissance que j’ai de la géométrie. Car cette science m’apprend qu’un triangle est déterminé quand un côté est donné avec deux angles et que de là on en peut déduire ce que je cherche. Mais si je me fermais un œil, comme il n’y aurait plus que deux choses connues, la distance des yeux et un angle, le triangle serait indéterminé, et par conséquent je ne pourrais plus par ce moyen apercevoir la distance de l’objet. Je pourrais la connaître par un autre, mais moins exactement, comme par celui-ci. Par la connaissance supposée que j’ai de ce qui se passe dans mes yeux, je connais la grandeur