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Si je me promène d’occident en orient en regardant la lune, je vois qu’elle avance du même côté que moi ; et je sais cependant qu’elle se va coucher à l’occident. Je sais que la hauteur de l’image qui se peint dans mon œil, d’un homme qui est à dix pas de moi, diminue de la moitié quand il s’est approché à cinq ; et cependant je le vois de la même grandeur : et tout cela indépendamment de la connaissance des raisons sur lesquelles sont réglées les perceptions que nous avons de tous ces objets : car bien des gens, qui aperçoivent les objets mieux que ceux qui savent l’optique, ne les savent pas, ces raisons. Il est donc évident que ce n’est point l’âme qui se donne cette variété de perceptions qu’elle a des objets, dès qu’elle ouvre les yeux au milieu d’une campagne.

LE CHINOIS : Je l’avoue, il faut nécessairement que ce soit le Ly.

LE CHRETIEN : Oui sans doute, si par le Ly vous entendez un Être infiniment puissant, intelligent, agissant toujours d’une manière uniforme, en un mot l’Etre infiniment parfait. Remarquez surtout deux choses. La première,