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l’autre. Un trou dans un doigt n’est donc pas la même chose que la douleur. Et la douleur n’est pas dans le doigt, ou une modification du doigt. Car l’expérience apprend que le doigt fait mal à ceux-mêmes à qui on a coupé le bras, et qui n ont plus de doigt. Ce ne peut donc être, comme je vous l’ai déjà dit, que l’idée du doigt qui modifie d’un sentiment de douleur notre âme, c’est-à-dire, cette substance de l’homme capable de sentir. Or cela arrive en conséquence des lois générales de l’union de l’âme et du corps que le Créateur a établies, afin que nous retirions la main, et que nous conservions le corps qu’il nous a donné. Je ne m’explique pas davantage : car la condition que j’ai supposée, ce que vous ne devez me répliquer que ce que vous concevez clairement. Je vous prie de vous en souvenir.

LE CHINOIS : Eh bien, que la matière soit ou ne soit pas capable de penser, on vous répondra que ce qui est en nous capable de penser, que notre âme sera la vraie cause de toutes ces perceptions différentes que nous