Page:Malebranche - Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois, II, 1708.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

je veux dire sans apercevoir de l’étendue, non dans les objets de nos perceptions, objets qui peuvent avoir de l’étendue, mais dans les perceptions mêmes de ces objets.

Il est clair que nos perceptions ne sont pas des modifications de notre cerveau, qui n’est que de l’étendue diversement configurée, mais uniquement de notre esprit, substance seule capable de penser. Il est vrai néanmoins que nous pensons presque toujours en conséquence de ce qui se passe dans notre cerveau, d’où on peut conclure, que notre esprit lui est uni, mais nullement que notre esprit et notre cerveau ne soient qu’une même et unique substance. De bonne foi concevez-vous clairement, que les divers arrangements et mouvements des corps petits ou grands soient diverses pensées ou divers sentiments ? Si vous le concevez clairement, dites-moi en quel arrangement de fibres du cerveau consiste la joie ou la tristesse, ou tel autre sentiment qu’il vous plaira ?

LE CHINOIS : J’avoue que je ne le conçois pas clairement.