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n’est, selon eux, que de la matière organisée et subtilisée. Les ébranlements des fibres du cerveau, joints avec les mouvements de ces petits corps, ou de ces esprits animaux, sont la même chose que nos perceptions, nos jugements, nos raisonnements, en un mot sont la même chose que nos diverses pensées.

LE CHRETIEN : Me voilà arrêté tout court : mais c’est que vous manquez à la condition prescrite. Vous me répliquez ce que vous ne concevez point clairement : car je conçois clairement tout le contraire. Je conçois clairement par l’idée de l’étendue ou de la matière, qu’elle est capable de figures et de mouvements, de rapports de distance ou permanents ou successifs, et rien davantage ; et je ne dis que ce que je conçois clairement. Je trouve même qu’il y a moins de rapport entre le mouvement des petits corps, l’ébranlement des fibres de notre cerveau, et nos pensées, qu’entre le carré et le cercle, que personne ne prit jamais l’un pour l’autre. Car le carré et le cercle conviennent du moins