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vous dira que c’est dans le Ly que nous voyons toutes choses. Car c’est lui qui est notre lumière. C’est la souveraine vérité, aussi bien que l’ordre et la règle. C’est en lui que je vois les cieux, et que j’aperçois ces espaces infinis qui sont au-dessus des cieux que je vois.

LE CHRETIEN : Comment dans le Ly ? Reprenez le principe. Apercevoir le néant et ne point apercevoir, c’en la même chose. Donc on ne peut apercevoir cent réalités où il n’y en a que dix : car il y en aurait quatre-vingt-dix qui n’étant ne pourraient être aperçues. Donc on ne peut apercevoir dans le Ly toutes choses, s’il ne contient éminemment tous les êtres : si le Ly n’est l’Être infiniment parfait, qui est le Dieu que nous adorons. C’en en lui que nous pouvons voir le ciel et ces espaces infinis que nous sentons bien ne pouvoir épuiser, parce que en effet il en renferme en lui la réalité. Mais rien de fini ne contenant l’infini ; de cela seul que nous apercevons l’infini, il faut qu’il soit. Tout cela