qu’en un autre ; mais on ne peut pas dire qu’une même boule ait deux fois plus de repos en un temps qu’en un autre.
Il faut donc en Dieu une volonté positive pour mettre une boule en mouvement, ou pour faire qu’une boule ait une telle force pour se mouvoir, et il suffit qu’il cesse de vouloir qu’elle soit mue afin qu’elle ne remue plus, c’est-à-dire, afin qu’elle sont en repos. De même qu’afin que Dieu crée un monde, il ne subit pas qu’il cesse de vouloir qu’il ne soit pas, mais il est nécessaire qu’il veuille positivement la manière dont il doit être. Mais pour l’anéantir il ne faut pas que Dieu veuille qu’il ne soit pas, parce que Dieu ne peut pas vouloir le néant par une volonté positive, il suffit seulement que Dieu cesse de vouloir qu’il soit.
Je ne considère pas ici le mouvement et le repos selon leur être relatif ; car il est visible que des corps en repos ont des rapports aussi réels à ceux qui les environnent que ceux qui sont en mouvement. Je conçois seulement que les corps qui sont en mouvement ont une force mouvante, et que ceux qui sont en repos, n’ont point de force pour leur repos ; parce que, le rapport des corps mus à ceux qui les environ ment changeant toujours, il faut une force continuelle pour produire ces changements continuels, car en effet ce sont ces changements qui font tout ce qui arrive de nouveau dans la nature. Mais il ne faut point de force pour ne rien faire. Lorsque le rapport d’un corps à ceux qui l’environnent est toujours le même, il ne se fait rien ; et la conservation de ce rapport, je veux dire l’action de la volonté de Dieu qui conserve ce rapport, n’est point différente de celle qui conserve le corps même.
S’il est vrai, comme je le conçois, que le repos ne soit que la privation du mouvement, le moindre mouvement, je veux dire celui du plus petit corps agité, renfermera plus de force et de puissance que le repos du plus grand corps. Ainsi le moindre effort ou le plus petit corps que l’on concevra agité dans le vide contre un corps très-grand et très-vaste[1], sera capable de le mouvoir quelque peu, puisque ce grand corps étant en repos il n’aura aucune puissance pour résister à celle de ce petit corps, qui viendra frapper contre lui. De sorte que la résistance que les parties des corps durs font pour empêcher leur séparation, vient nécessairement de quelque autre chose que de leur repos.
Mais il faut démontrer par des expériences sensibles ce que nous venons de prouver par des raisonnements abstraits, afin de voir si
- ↑ Par un corps dans le vide j’entends un corps tellement séparé des autres tant durs que liquides, qu’il n’y en ait aucun qui aide, ni qui empêche la communication des mouvements.