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Les Burgondes, vaincus par Probus, et qui s’établirent en Gaule deux siècles plus tard, étaient presque tous gens de métiers, charpentiers et menuisiers. Ils ne tardèrent pas à prendre les mœurs serviles des clients romains, mendiant à la porte des palais et sur le passage des grands. Leur voix rauque et leur stature colossale contribuaient, sans doute, à rendre les aumônes abondantes.

Les évêques chrétiens ne s’y trompèrent pas : ils entrevirent clairement que ces sauvages étaient les maîtres du lendemain, et ils s’efforcèrent de les catéchiser afin de régner par eux. Mais, en même temps, ils leur communiquèrent les germes de leurs dissensions. Le grand schisme arien, à lui seul, devait, en moins de soixante années, donner naissance à quinze sectes, occasionner plus de cent conciles spécifiés par l’histoire et faire couler des flots de sang. Et, lorsque la puissance romaine se fut définitivement effondrée, les papes, instaurés dans la Ville Éternelle, loin de se vouer à une haute mission de concorde, d’éclairer les esprits et de fédérer les puissances sous leur autorité morale, comme l’ont prétendu les panégyristes, allaient insuffler au cœur des rois et des peuples les haines religieuses qui, pendant tout le moyen âge, transformèrent la malheureuse Europe en un champ-clos.