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Cette ville, la plus remarquable des Gaules, possédait des aqueducs, des thermes, des édifices magnifiques. La colère des Bagaudes n’épargna rien : chrétiens, ils détruisirent les temples des dieux ; plébéiens, ils jetèrent bas les écoles d’où sortaient ces fonctionnaires insatiables, sangsues attachées à leurs flancs ; esclaves, ils brûlèrent les palais. Et ces flammes vengeresses furent un signal : d’un bout à l’autre de la Gaule, les villes s’embrasèrent ; un hurlement d’épouvante s’éleva jusqu’aux Alpes.

Tétric, sénateur, qui avait acquis la pourpre par ses fourberies (on était las des turbulences de l’élément militaire) trembla de se voir débordé par la plèbe. Dès ce moment, il n’eut plus qu’une pensée, livrer la Gaule à César en se faisant payer sa trahison le plus grassement possible.

Le César régnant était Claude II, général de premier ordre, prompt à concevoir et à exécuter. Son élection en remplacement de l’efféminé Gallien sauva l’empire qui, pris entre les Bagaudes, les Germains et les Goths, craquait et semblait sur le point de s’effondrer. Pendant qu’un vent de liberté remplissait la Gaule, que remparts et villes s’écroulaient sous le pic et la torche, trois cent vingt mille barbares, sur l’autre flanc de l’Italie, faisaient trembler les maîtres du monde.

Claude courut au plus pressé. Il négocia sous main avec Tétric et s’élança contre les Goths qui ravageaient le nord de la Grèce. En une année, il extermina ces multitudes sans cohésion. « Les fleuves sont couverts de boucliers, écrivit-il au Sénat, les rivages de lances et les campagnes d’ossements ; nous avons