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Les chrétiens à tendances pacifiques furent ménagés, caressés même ; en maintes contrées, leurs patriarches et leurs évêques avaient acquis une influence qui eût pu les rendre redoutables. Mais les avances du nouveau César les grisèrent ; ils se vautrèrent dans la plus humble soumission, leurrés par les promesses d’Adrien qui leur faisait accroire qu’il allait élever un temple au Christ. Abandonnés par ces lâches, leurs coreligionnaires compromis dans les soulèvements populaires, périrent dans d’atroces supplices. C’est ainsi que la réaction s’efforce de détruire les ennemis qu’elle n’a pu vaincre en opposant toujours les plus modérés aux plus avancés.

Une fois débarrassé de toutes craintes, l’empereur leva le masque. Il résolut de purger définitivement la Judée de sa semence révolutionnaire. Jérusalem, toute ruine qu’elle était, servait encore de nid à de nombreuses familles. Adrien la fit rebâtir sous le nom d’Ælia Capitolina ; le temple de Jupiter s’éleva sur l’emplacement de celui de Jéhovah ; une colonie païenne vint chasser les habitants de race sémitique.

Ceux-ci, pour la dernière fois, tentèrent un grand effort. Ce fut la convulsion de l’agonie. Toute la Judée se leva : les nouveaux habitants de Jérusalem furent exterminés ; puis les révoltés se donnèrent un chef. On n’en était plus à la foi superstitieuse en un Messie de race royale : la nation agonisante n’avait plus le temps de s’attarder aux légendes orgueilleuses ; plus haut que la généalogie parlait l’implacable nécessité. Le généralissime fut un plébéien énergique et astucieux, chef de brigands, disent