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Et, cependant, si la pyrotechnie moderne anéantissant des masses humaines sous une pluie de feu, est autrement redoutable que les béliers et les catapultes antiques, l’horreur de la défaite est moindre : l’esclavage n’est plus à craindre pour les vaincus, ni le massacre impitoyable, sauf toutefois, dans les guerres sociales, les plus acharnées, mais aussi les seules logiques.

Tous les sentiments s’exaltent dans ces heures de lutte suprême : le patriotisme, la foi religieuse, la solidarité, le mépris de la mort, comme aussi l’instinct de conservation et la peur : la vie est intensifiée.

La défense de Jérusalem dura sept mois. Lorsque la ville fut prise, sur douze cent mille Juifs, il en restait cent mille : ils furent vendus à l’encan ; la charrue passa sur l’emplacement de Jérusalem. L’univers trembla devant la justice de César.

L’histoire, cette prostituée, a fait de l’égorgeur Titus un bon prince. Quels crimes de Néron, de Caligula, d’Héliogabale, ont jamais pu égaler cet assassinat d’un peuple ?

Tout plia devant le règne de la force ; la réaction s’étendit universelle. La Judée fut vendue, la Thrace morcelée, les provinces libérées remises en sujétion et pressurées « comme des éponges », selon l’expression de Vespasien lui-même, le temple des Juifs d’Alexandrie abattu, les philosophes chassés de Rome, l’un d’eux, le stoïcien Helvidius, assassiné.

Un moment, la Gaule septentrionale, où le druidisme jetait un dernier feu avant de s’éteindre, avait