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castes, la sphère d’activité dans laquelle les a enfermées la tyrannie masculine. Comment, à la longue, une telle servitude n’aurait-elle pas influé sur leur caractère, affaibli leur intellect, développé l’amour des futilités ? Or, l’action de la femme, génératrice et éducatrice, est indéniable : l’homme ne deviendra vraiment libre que s’il tend une main fraternelle à sa compagne pour l’élever à son niveau.

Avant d’arriver à cette émancipation féminine, il y aura bien des faux pas. Avec l’éducation donnée à la femme, l’atavisme et la corruption ambiante, c’est fatal. Pour une à l’esprit large et ferme, que de névrosées l’on verra surgir, compromettant par leurs excentricités et leur amour immodéré de réclame la cause qu’elles prétendent servir. Les unes fondent des religions, d’autres revendiquent le suffrage universel, beaucoup moins soucieuses, au fond, d’être électrices que d’être candidates. Le suffrage universel ! amorce tendue à la crédulité populaire par les démocrates madrés de 48, cherchant à désarmer le paria en le grisant d’une souveraineté menteuse. Le suffrage universel ! mystification universelle dont tous les gouvernements ont joué ! droit accordé au contribuable de choisir son parasite, à l’esclave de nommer son maître, sanction de la servitude populaire au nom même de la souveraineté populaire. L’arrivée de législatrices au Palais-Bourbon serait le coup de grâce donné à cette institution déjà vermoulue ; intrigues de couloirs, flirtage de la droite avec la gauche, conjonction des centres, la corruption de la chair s’ajoutant à toutes les autres. Le suffrage universel s’abîmerait dans un rire d’opérette.