français clame, du moins dans ses professions de foi, la suppression de la présidence de la république, du Sénat, des ministres, du budget des cultes, des armées permanentes : pièce par pièce, l’autorité perd ainsi tout son attirail.
Au fur et à mesure des progrès, un immense besoin de décentralisation se manifeste dans toutes les branches de l’activité humaine ; jadis le même individu pouvait être à la fois barbier, médecin, chirurgien, alchimiste. Mais aujourd’hui que sciences, arts, industries, deviennent de plus en plus vastes et complexes, chacune de ces branches se scinde en rameaux spécialisés qui tendent à conquérir leur entière autonomie. Le barbier manie son rasoir sans s’immiscer dans l’œuvre du chirurgien, lequel, à son tour, laisse oculistes, dentistes, pédicures, manicures opérer séparément dans leur sphère.
À plus forte raison pour la grande vie d’un pays. Quel esprit prodigieux faudrait-il être pour embrasser tout à la fois les questions d’agriculture, d’hygiène, de travaux publics, de navigation, de beaux-arts ! Le législateur appelé à statuer sur toutes ces matières, ne peut le faire que d’une façon très générale, négligeant ou confondant tout. Seuls, les intéressés, groupés sous l’impulsion du besoin, en vertu de leurs aptitudes et de leurs affinités, sont à même de le faire. Il en résulte que la vie s’intensifiant, se développant, rayonnant partout, bientôt un homme sera hors d’état d’en gouverner d’autres, d’être le dirigeant d’une collectivité. L’homme primitif, descendant de l’anthropoïde, pouvait se courber sous la trique d’un pasteur, l’homme du dix-neuvième