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Tous les vieillards sont nos parents,

Tous les petits sont nos enfants,
Et qu’ils soient jaunes, noirs ou blancs,

Partout les hommes sont nos frères.


Pendant qu’ils chantent, le même ennemi qui, il y a quarante-deux ans, fit peau démocratique pour tromper la masse naïve, est en voie de faire peau socialiste et même anarchiste, espérant non seulement échapper à la tourmente mais encore l’orienter à son profit. Le parti socialiste catholique, représenté en France par Drumont, en Angleterre par le cardinal Manning, naguère en Allemagne par Windthorst[1] et que dirige dans l’ombre le Gesù, cherche à faire dévier le courant révolutionnaire en le lançant exclusivement contre les banquiers sémites accapareurs du numéraire, tandis que la vieille aristocratie et les communautés religieuses détiennent en grande partie ce capital autrement important : la terre. Quelques hommes de cœur, qui rêvent un accord impossible entre la foi et la science, entre l’Église et le peuple, ont emboîté le pas. Des cercles ouvriers s’intitulant socialistes catholiques et dont tout le socialisme consiste à prêcher la bienveillance aux exploiteurs, la soumission aux exploités, aux uns et aux autres l’observation des devoirs religieux, fournissent un contingent discipliné sous la haute direction d’hommes qui ont préludé à l’étude des questions sociales en faisant fusiller les communards de 1871. Si le prolétariat était assez naïf pour se laisser prendre au piège, il se trouverait

  1. Windthorst vient de mourir, le 14 mars 1891.