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classe prolétarienne au détriment de la classe capitaliste, les marxistes français avaient conclu à une manifestation pacifique et légale, mettant les pouvoirs publics en demeure de réaliser quelques réformes économiques. Dans un but mal caché de réclame électorale, ils prônèrent cette manifestation une année à l’avance, multiplièrent les rodomontades, les défis à la bourgeoisie ; ils tâtèrent le terrain de leur mieux, espérant même quelque temps que le mouvement pourrait se terminer en une révolution leur livrant le pouvoir. Puis, quand ils virent que le peuple n’était pas disposé à mourir pour eux, ni le gouvernement à se laisser démolir, ils reculèrent de la façon la plus piteuse, accumulant les protestations pacifiques et poussant la… prudence, eux révolutionnaires ! — jusqu’à conseiller à la foule de livrer aux autorités ceux qui commettraient des actes d’insubordination. Les anarchistes, au contraire, tout en combattant le caractère légal de cette pasquinade et refusant de s’associer à une démarche illogique, sans issue, ont déployé, à ce moment, une grande activité révolutionnaire et causé des craintes sérieuses à leurs ennemis.

Il faut reconnaître, d’ailleurs, que le parti anarchiste, assez confus, il y a quelques années, s’est épuré tout en faisant boule de neige. À son tour, il peut renvoyer aux marxistes français l’épithète dédaigneuse de demi-quarteron dont il avait été salué. Tandis que les ambitieux, las d’attendre ou les batailleurs sans idées évoluaient vers d’autres fractions, que bon nombre se coulaient à la remorque du boulangisme, les désabusés de la politique ve-