imbus de leur personnalité, n’aimant ni ne connaissant le peuple, ils sont réduits à une politique de bascule, tantôt s’alliant aux fractions blanquiste, indépendante ou même radicale, tantôt s’en éloignant, tâtant du suffrage universel, sans succès d’ailleurs, tout en le combattant en principe. Leur triomphe amènerait la plus effroyable des tyrannies, celle de l’État-patron, maître politique et économique, écrasant la personnalité humaine sous des formules mathématiques. Mais, s’ils sont destinés à avoir une influence sur les événements, cette influence ne pourra certainement s’exercer que par intermittences. En période orageuse, ils seront débordés par les anarchistes autrement vigoureux, ils le savent — de là leurs haines — et n’essaieront même pas de réagir : ils feront les morts, quitte à guetter l’instant favorable où les révolutionnaires d’avant-garde, épuisés par leurs excès, décimés par la lutte, seront forcés, pensent-ils, de leur céder la place. Mais, même à ce moment, ils n’auront qu’une force précaire, leur affectation continuelle, leurs allures cassantes même lorsqu’ils feignent la bonhomie les rendent peu sympathiques à la masse ; leurs conceptions plagiées de Marx avec moins d’ampleur sont destinées à s’éteindre dans un milieu réfractaire au doctrinarisme allemand. Une fois les anarchistes détruits, les néo-jacobins seraient bientôt renversés par l’élément contre-révolutionnaire : les possibilistes, dès maintenant nombreux et influents dans la plupart des corporations, appuyés par la masse modérée, les ex-bourgeoisillons et les ouvriers ambitieux, aspirants fonctionnaires du nouvel