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multitudes courant se plonger dans les eaux du Jourdain[1] aux accents enflammés du prophète les inquiétaient. Des mesures énergiques furent prises pour empêcher une sédition. Avant que Jean eût pu tenter un mouvement sérieux, il fut arrêté par les ordres d’Hérode Antipas, emprisonné dans la forteresse de Machéronte et, douze mois après, décapité.

La mort du baptiseur n’arrêta point la fermentation populaire. De plus en plus, les prêtres juifs se discréditaient par leur servilité envers les Romains, par leur hypocrisie et leur avarice. Une poignée de prolétaires, artisans, pêcheurs, vagabonds, femmes publiques, se groupaient autour d’un jeune charpentier, orateur insinuant, rêveur plus que penseur, modérément courageux, du reste. Jésus de Nazareth paraît certainement inférieur par le caractère aux grandes figures antiques : Socrate, Philopœmen, Spartacus, Caton d’Utique, les Brutus. Âme tendre, nature contemplative, il n’eut jamais l’énergie de résister en face aux autorités qu’il frondait dans ses discours. Son plus grand mérite, celui qui a fait passer son nom à la postérité, fut d’arriver à son heure et de mourir, assez malgré lui, au nom de ses idées.

La nouvelle doctrine se séparait de plus en plus du mosaïsme. À vrai dire, ce n’était pas encore une

  1. La plupart des peuples antiques, Grecs, Égyptiens, Chaldéens, Perses, pratiquaient les ablutions, pensant que l’eau, qui efface les taches du corps, enlève en même temps les souillures morales. Notre baptême n’est donc que la généralisation d’une coutume païenne.