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Parsons, enthousiaste érudit, a laissé un ouvrage traduit maintenant dans plusieurs langues : L’Anarchie, sa philosophie, ses bases scientifiques. Sa compagne, fidèle aux convictions du mort qu’elle partageait, poursuit avec autant de courage que de talent l’œuvre de propagande.

C’est surtout parmi les peuples comprimés sous un joug de fer que couve la révolte : révolte qui ne fuse pas en cris, en chansons et en satires, mais qui, se concentrant indéfiniment, détermine à la longue des explosions terribles.

L’empereur qui avait ceint la couronne de Frédéric Barberousse et que l’Europe entière contemplait avec terreur, a vu se lever contre sa poitrine les armes du ferblantier Hœdel et du docteur Nobiling. Le premier l’a manqué et, sur l’échafaud, a envoyé un suprême salut à la révolution vengeresse. Le second a eu la main plus sûre : de son fusil chargé à chevrotines, il a criblé la face du souverain ; celui-ci guérit cependant, et Nobiling, arrêté, s’ouvre les veines à deux reprises dans sa prison : comme Babœuf et Darthé, il est traîné sans vie sur l’échafaud. Six ans se passent : la loi promulguée contre les socialistes assure le bon ordre ; le kaiser est craint, vénéré, adulé, qui donc oserait attenter à ses jours ? Le souvenir de Hœdel et de Nobiling est bien loin, lorsque, devant la haute cour de Leipzig, éclate un procès monstre. Huit ouvriers sont accusés d’avoir tenté, au Niederwald, de faire sauter, avec la statue de la Germania, l’empereur, les princes confédérés, les ministres, les généraux : conjuration des plus hardies, qui manqua par un concours de