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dans lequel le ministère public demanda la peine de mort contre trente personnes.

Le passage suivant d’une ordonnance du gouverneur d’Andalousie mérite d’être cité ; il donnera une idée de l’affolement qui régnait dans les sphères administratives :

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« 5o Dans le cas de dégâts ou d’incendies qui ne pourront être regardés comme accidentels, seront considérés comme auteurs présomptifs les individus qui se trouveront dans les environs des lieux dévastés et, à défaut d’eux, ceux qui composent le conseil local de la soi-disant Association des Travailleurs. Les arrêtés seront mis à la disposition de l’autorité judiciaire, à laquelle incombe la tâche d’instruire le procès et d’éclaircir les faits. »

Le 6 juillet 1884, le Révolté, journal anarchiste de langue française, écrivait :

« Sept des nôtres ont été exécutés par le garote vil, sous l’inculpation d’affiliation à la Mano negra. Nos amis sont morts avec courage ; plusieurs ont parlé à la foule de leurs idées socialistes pour lesquelles ils mouraient. Il a fallu la force armée considérable que l’on avait mise sur pied pour empêcher la foule de tomber sur les exécuteurs. L’hostilité de la population était si prononcée que le bourreau avait donné sa démission pour ne pas être forcé de prendre part à l’exécution. »

Les pays latins n’ont pas seuls produit ces révolutionnaires au cœur ardent, à l’esprit froid qui, embrassant d’un coup d’œil les causes et les conséquences, sont allés, insoucieux de l’opinion, indif-