Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.

amener une dislocation, les membres de la Fédération ne voulurent pas admettre que les incriminés fussent des tirailleurs d’avant-garde commençant, à leurs risques et périls, cette guerre à la bourgeoisie que se contentaient de chanter les écrivains révolutionnaires ; ils se hâtèrent de les désavouer.

Bien plus, inconséquents avec leurs théories, ils en arrivèrent à demander quelque chose au gouvernement. Après avoir proclamé l’inanité de toute action légale, ils mirent au nombre de leurs desiderata immédiats la réduction de la journée de travail à huit heures, revendication formulée depuis par les partis socialistes parlementaires de tous pays, mais qui ne peut, en aucune manière, soulager l’ouvrier, le prix des salaires et celui des objets de consommation étant fatalement liés au temps de travail. En outre, pour faire disparaître le prolétariat rural, la Fédération demandait que les grandes propriétés fussent morcelées et affermées, réforme qui n’eût pu être profitable qu’à un certain nombre de paysans, non à tous, et qui se rapprochait beaucoup plus du partage que du collectivisme. Ce manque d’esprit révolutionnaire détermina une dislocation, cette dislocation que craignaient les timorés et par peur de laquelle ils avaient répudié la Mano negra : nombre de collectivistes anarchistes rompirent leurs attaches avec la Fédération, tandis que les communistes, encore peu nombreux, formaient des groupes séparés.

En mars 1883, les arrestations pour affiliation à la Main noire s’élevaient à plus de deux mille. Un procès monstre commença deux mois plus tard,