de presse n’avaient fait, comme toujours, que donner une publicité et une force nouvelles aux idées combattues. Milan, Mantoue, Livourne, Gênes, Ancône étaient devenus des foyers de propagande socialiste ; dans les Romagnes, un formidable mouvement d’opposition manifestait sur le nom de Cipriani ; par neuf fois consécutives, le condamné fut élu dans les collèges de Ravenne et de Forli. À la fin, le gouvernement, troublé de cette ténacité, pensant, d’autre part, se concilier des éléments jadis irréconciliables, signa une grâce. Cipriani, au bout de huit ans, sortit de son sépulcre. Passanante, traité avec une horrible barbarie, brisé d’esprit non moins que de corps, achève de s’éteindre dans un cabanon. Passanante eut des imitateurs en Espagne ; le tonnelier Moncasi, le pâtissier Otero. Tous deux échouèrent dans leur tentative contre le roi Alphonse XII et furent étranglés après avoir subi des tortures atroces.
À partir de cette époque, le mouvement révolutionnaire se traduisit en Espagne par des actes terribles. Dans les provinces du Sud, notamment en Andalousie, des incendies allumés par des mains inconnues dévoraient récoltes, fermes, villas ; les bestiaux disparaissaient ou mouraient empoisonnés ; de riches propriétaires, haïs pour leur rapacité, étaient frappés. Les églises, même dans les grandes villes, n’étaient pas épargnées ; souvent, au milieu de la messe, un fracas sourd retentissait, le maître-autel s’abîmait dans un nuage de plâtras, pendant que le prêtre éperdu se signait, que les femmes s’évanouissaient, que les fuyards se bousculaient aux portes :