Italie : sa santé s’était ébranlée ; le chagrin de voir indéfiniment ajournée la réalisation de ses espérances, d’autres disent un amour déçu, obscurcit sa lucidité d’esprit. Cafiero, arrêté à Milan, fut reconnu fou, — peut-être ne l’était-il pas complètement, — et transféré dans un asile d’aliénés où son mal ne fit qu’empirer. Devenu complètement inoffensif pour la monarchie italienne, il a été récemment mis en liberté sous la responsabilité de sa femme et de ses amis.
Un an après l’échauffourée de Bénévent, un homme obscur et résolu, le cuisinier Passanante, tentait de frapper le roi Humbert d’un coup de couteau. Arrêté sur le champ, il ne s’émut pas, exprima sans forfanterie sa compassion un peu amère pour la plèbe servile, sa haine de la tyrannie et déclara qu’il avait voulu non tuer, mais stigmatiser le souverain (fare uno sfregio) pour le rendre ridicule à ses adorateurs. « Acte d’un fou », déclarèrent les intransigeants bourgeois habitués à prêcher la révolte, à condition de ne prêcher que de paroles et toujours reculer devant le fait accompli. Mais les médecins déclarèrent l’accusé ni fou ni même fanatique : tout simplement un homme convaincu autant qu’honnête, prêt à donner sa vie pour ses idées. Le 6 mars 1879, Passanante comparut à Naples devant les juges royaux dont il nia la compétence. Sa défense fut énergique :
« Je n’ai, dit-il, été offensé personnellement ni par le roi ni par le gouvernement actuel. Je n’ai pas la haine de Humbert de Savoie, mais j’ai en haine tous les rois, car ils empêchent la réalisation de mon idéal, la République universelle.
» La majorité qui se résigne à son sort est coupa-