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nouveau, donnant à Rome des millions de sujets Asiatiques et Américains. Sentant mieux que tous combien l’argent était le nerf de la guerre moderne, ils mettaient la main sur d’incalculables trésors : mines, pêcheries, cultures, tout leur était bon. De là l’acharnement des grandes guerres du xviie siècle entre pays catholiques et protestants : la lutte religieuse et politique se compliquait d’une lutte commerciale.

Mais les continuateurs de Loyola ont beau faire : l’Église est blessée à mort depuis que la ferveur populaire ne la soutient plus. La foi, qui s’implante en Amérique à la lueur des bûchers, s’éteint en Europe : pas plus les galions que les auto-da-fé ne sauront avoir raison de l’idée.

L’idée ! elle jaillit du cours même des choses et du choc des événements. Les guerres acharnées entre catholiques et protestants marquent la décadence irrémédiable de la papauté sans améliorer la situation matérielle du peuple qui devient de plus en plus sceptique et, revenu de tous ces sauveurs, Guise ou Coligny, Montmorency, de Retz ou Condé, cherche son salut en dehors de l’idée religieuse. Jésus et Satan commencent à le trouver froid, mais les déductions des philosophes glissent sur lui sans l’entamer : son cerveau, déprimé par des siècles de servage, est rebelle aux syllogismes. Le spectacle des faits sera autrement efficace que les abstractions.

D’ailleurs, est-ce pour le peuple que Descartes raisonne et que Bacon ébauche en philosophie la méthode expérimentale ? Et, plus tard, il faudra voir avec quel mépris Voltaire parle de « la canaille qui n’a