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coups se concentrèrent sur eux ; pendant ce temps, les autres, les timides réformistes, eurent le loisir de respirer un peu, de recruter nombre de libéraux juste-milieu et gagner du terrain. Tant il est vrai qu’une révolution ne peut être assez profonde et qu’une idée ne pénètre violemment dans les cerveaux alourdis que lorsqu’elle est talonnée par une autre idée encore plus avancée !

Loyola, qui sent craquer l’église comme un vaisseau désemparé, l’entoure d’une milice redoutable, milice qui fera trembler les princes et dont le général deviendra le rival du pape. Les jésuites partent pour la conquête du monde.

Le christianisme avait triomphé par ses missionnaires propagandistes. Comme, de nos jours, le socialisme, il fut international : une chaîne mystérieuse partait de Rome aux extrémités de l’univers.

Très clairement, Loyola, François Xavier, Lainez, les fondateurs des Jésuites, virent qu’on allait briser la chaîne et ils recréèrent, en le disciplinant, le mouvement de propagande interrompu depuis trois siècles. Nouveaux Protées, ils revêtirent toutes formes : casuistes, robins, professeurs, médecins, généraux, ministres, derviches en Turquie, fakirs dans l’Inde et mandarins en Chine, mettant Machiavel en action à la plus grande gloire de Dieu. En Angleterre, ils livrèrent une lutte désespérée aux protestants, mais il était trop tard pour déloger l’hérésie victorieusement installée au pouvoir ; ils furent plus heureux en France.

En même temps qu’ils s’efforçaient de ressaisir l’ancien monde, ils créaient des débouchés dans le