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traillant le peuple en juin 1848 et en mai 1871 ; c’est celle des socialistes autoritaires d’aujourd’hui, néo-jacobins qui se préparent à escamoter l’avenir à leur profit en poursuivant de leurs calomnies et en assassinant, si les circonstances le leur permettent, les anarchistes qui veulent donner à la révolution imminente toute son ampleur.

Dix ans se passent : le sang des hérétiques vaincus a fécondé le sol ; sous la double action des idées qui se propagent et de la misère qui s’accroît, la révolte renaît, enthousiaste d’abord, furieuse ensuite. « Vive le Christ émancipateur du peuple et mort aux papistes ! » Les Luthériens effarés, intriguent : « Mort aux Luthériens ! » ces alliés des nobles, ces réactionnaires, ces faux-frères !

La ville de Munster, théâtre des prédications enthousiastes de Jean Mathiesen, devint le foyer du mouvement. Comme Albi, comme Prague, elle fut la nouvelle Sion, avec ses prophètes, ses juges et le peuple divisé en douze tribus. Plagiat, dont ne doivent pas sourire les modernes jacobins qui rêvent de rééditer la Convention nationale et le Comité de salut public !

Tout fut mis en commun jusqu’aux femmes, tous les livres furent brûlés excepté la Bible, tout devint chaire et tribune, tout, sauf les églises saccagées, et, dans la ville investie par l’évêque et les princes, désertée par les riches bourgeois, régna une fraternité farouche. Si, au cours du siège, à mesure que les événements se précipitaient, les meneurs, grisés et croyant ainsi fixer la fortune, furent amenés à s’affubler de dignités pompeuses et de titres reten-