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leur guise, des prêtres qui voulaient se marier et des seigneurs qui voulaient être débarrassés de la gent monastique, des masses plébéiennes, animées par le souffle du siècle, frémissaient aux accents de tribuns enthousiastes prêchant la liberté et le communisme sous une forme mystique.

Toutes les forces sociales entrèrent en lutte contre l’autorité. Henri VIII, ce royal Barbe-bleue, enlevant d’un coup de volonté l’Angleterre au pape, fraya la voie à la révolution puritaine de 1648. Zwingle, homme d’action, surgissant derrière Luther, homme de théorie, et soulevant les républicains suisses contre le vieux culte, voyait se dresser derrière lui les anabaptistes Stork et Munzer, qui, à la tête de leurs paysans allemands, semblaient animés de l’esprit exterminateur de Jean Ziska.

La guerre des anabaptistes, dont un écrivain consciencieux, Alexandre Weill, a retracé les phases, fut le plus formidable mouvement des masses plébéiennes à partir du xvie siècle jusqu’à la grande révolution. Le calvinisme, étroitement dogmatique à Genève, se montra, en France, très aristocratique, affaire de mode et d’intrigues, à ce point que le catholicisme menacé put faire appel pour sa défense à la démocratie naissante ; la république anglaise demeura froidement puritaine ; les révolutions des Flandres furent avant tout politiques et nationales, mais les mystiques communistes qui, en Westphalie et en Souabe, inaugurèrent le règne de Dieu, embrassèrent toute l’humanité dans un élan de foi et d’amour.

Condamnant toute autorité, proclamant l’égalité