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de son vicaire, ni des paysans de Bohême qui, avec Ziska, criant : « la coupe au peuple ! » — la coupe, c’est-à-dire non seulement celle emblématique de l’Eucharistie, mais surtout celle du bien-être, — font une guerre à mort aux châteaux, aux églises, aux couvents.

Elle ne la délivrera pas de Luther qui, fulminant contre les indulgences, les sacrements, le célibat ecclésiastique, sape du haut en bas l’organisation religieuse. Vainement, les bulles succèdent aux anathèmes, l’heure est venue où l’arbre pourri va s’abattre : le sang des hérétiques martyrs a fructifié.

Et ce mouvement, qui secoue tout le xvie siècle, n’est pas seulement une réforme étroite, limitée aux arguties théologiques, c’est une immense révolution, révolution dans les idées, dans les mœurs, dans la science ! Luther, satirique véhément, Calvin, fanatique austère, ne furent, du moins au début, que les porte-paroles d’une foule lassée d’être courbée sous la férule de Rome. L’esprit d’indépendance, à la faveur des controverses religieuses, s’était glissé partout : les souverains regimbaient contre le pape, les nobles contre les souverains, les paysans contre les nobles. « S’il m’est permis, déclarait hardiment Luther à son prince, s’il m’est permis, par amour pour la liberté chrétienne, non seulement de mépriser, mais même de fouler aux pieds les décrets des papes et les canons des conciles, pensez-vous que je respecte assez vos ordres pour les regarder comme des lois ? ». Toutes les révoltes futures étaient contenues en germe là-dedans.

À côté des croyants qui voulaient adorer Dieu à