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vague que ce qui avait prévalu jusqu’alors est mauvais. Les apôtres du christianisme ne pouvaient, malgré leurs procédés oratoires, grossièrement imités des rhéteurs latins, démontrer la vérité d’une religion qui coupe court à toute explication scientifique par le mot mystère ; mais ils pouvaient établir l’inanité des anciens dieux, flatter sans se compromettre les instincts de la plèbe en parlant d’une égalité réalisable en un monde meilleur, obtenir pour les malheureux quelques soulagements ; tour à tour catéchistes, professeurs, médecins, agriculteurs, ils pouvaient, par leurs services, acquérir des droits à la reconnaissance et surtout se ménager de puissantes alliances : ce qui importait le plus, car c’est toujours par des minorités actives, entraînant la masse à un moment donné, que s’opèrent les révolutions.

Quand les païens ou les hérétiques ne cédaient pas à l’éloquence des prédicateurs, des châtiments, prophétisés à grand bruit, suivaient, terribles, impitoyables. Les longues barbes blanches se retiraient et des guerriers bardés de fer les remplaçaient. Moissons, cabanes, villages et palais, que tout s’anéantisse au nom du seigneur Dieu de miséricorde ! C’est ainsi que les rois francs écrasent les Lombards et les Saxons, pendant que les empereurs de Constantinople imposent la foi chrétienne aux Bulgares et que les souverains d’Angleterre soumettent leurs sujets au paiement du denier de Saint-Pierre.

Une première ébauche, non pas de fusion, mais de soudure entre les éléments disparates de l’Europe