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nouveau moyen âge. Que doivent penser du communisme autoritaire les martyrs du couvent, de la caserne et du bagne ? Le communisme autoritaire, mélange affreux de démocratie et de féodalité, c’est, dans sa plus bénigne acception, le troupeau ruminant que le pasteur chasse devant lui sur les pâturages.

Mais l’heure a sonné du découronnement de la grande ville ; l’aigle impériale avait pris son vol pour ne plus revenir. On eût dit que les idoles renversées avaient entraîné dans leur chute la puissance romaine. Le flot de barbares, sans cesse grandissant, n’a plus qu’à donner une dernière poussée : l’empire tombe.

Rome, qui avait dévoré tant de peuples, anéanti tant de cités florissantes, répandu la terreur aux extrémités du monde connu, subit à son tour le sort de ses victimes : Carthage, Numance, Corinthe, Athènes, Jérusalem. Agonie terrible que celle de cette géante dont la chute ébranla la terre !

Vassal insoumis, Alaric s’est rebellé contre le perfide Honorius et, pendant que l’empereur avec ses femmes et ses eunuques, se renferme dans Ravenne dont il fait sa capitale, le roi visigoth marche à deux reprises contre Rome : en 409, il l’affame ; en 410, il la prend. Dans la nuit du 24 août, les esclaves ouvrent les portes aux assiégeants.

Que ne put-elle être prophétique cette accolade des esclaves et des barbares, debout sur les débris de la puissance romaine ! Ce réveil des opprimés, qui avait été la pensée d’un Spartacus, eût pu s’accomplir si le christianisme, dogmatisant sous prétexte de moraliser, n’eût crié par toutes ses voix : « Soumission ! »