temples se ferment, les idoles tombent dans la poussière, tandis que les basiliques chrétiennes s’élèvent de toutes parts. Les sentiments longtemps comprimés font explosion, joie sincère chez les uns, vengeance, orgueil et ambition chez le plus grand nombre ; les pieux chrétiens n’ont pas le triomphe modeste et, pendant que raillés, maltraités, les prêtres de Jupiter dévorent leur rage, les vainqueurs, grossis par une foule frivole, avide de nouveautés, par des simples à l’imagination naïve et cette tourbe qui adule éternellement le succès d’où qu’il vienne, prennent possession de l’empire romain.
Ah ! qu’elles sont loin les revendications primitives du christianisme ! Quelques pères éloquents, Basile, Ambroise, Chrysostôme, s’élèveront bien encore contre les riches ; après eux, l’évêque Isidore déclarera même que liberté individuelle et communauté de possession sont de droit naturel ; on les applaudira sans les écouter. L’important n’est plus que les esclaves soient affranchis, que les peuples soient heureux, que la justice règne sur la terre consolée ; tout cela est intempestif, irréalisable en ce monde d’épreuves ; on sera heureux plus tard, dans l’autre vie, si l’on est soumis à Dieu, c’est-à-dire à César et aux évêques. Ce qui presse, c’est que les privilèges des pontifes païens soient supprimés, que leurs rivaux soient mis en possession des temples et des palais, que toutes les faveurs n’arrivent plus que par eux et, surtout, que la répression soit impitoyable contre l’hérésie.
Car toutes les sectes chrétiennes qui, jusqu’alors, s’en étaient à peu près tenues aux injures, en arri-