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tive de l’enjeu terrible à risquer a, jusqu’à ce jour, fait hésiter les gouvernements, ceux-ci pourront se trouver, à la fin, acculés à cette alternative : ou arrêter les frais ruineux de leur armement sans cesse renouvelé, ou s’en servir. Il n’est pas jusqu’aux petits États, comme la Suisse, la Belgique, la Hollande qui, gagnés par la contagion et préoccupés aussi du souci de faire respecter leur neutralité et de se défendre contre des annexions futures, ne soient entrés dans cette voie au bout de laquelle se trouve non plus seulement le déficit mais la banqueroute.

D’autre part, l’état politique autant que l’état social de l’Europe actuelle est éminemment instable. La Grande-Bretagne, maîtresse commerciale du monde, a derrière elle l’Irlande affamée ; la Russie, arbitre de la paix européenne, a la Pologne asservie ; l’Allemagne a l’Alsace-Lorraine ; l’Italie la question romaine, l’Autriche-Hongrie ses redoutables conflits de nationalités ; la Turquie se débat entre les