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pétuer les lisières qui l’enserrent, remplaçant par des neuves les vieilles lorsque celles-ci sont usées, lui pétrir le crâne sur un modèle unique pour tous, est-ce le moyen d’assurer son émancipation morale ?

Quel est l’homme providentiel, le génie incomparable, qui pourrait se vanter de penser sainement pour tous ? Et quant au gouvernement des assemblées, il vaut celui des individus isolés, avec peut-être plus d’indécision et de chaos. S’il est parfois moins despotique, c’est, non en vertu d’une moralité supérieure, mais parce que les intérêts s’y entrechoquant le neutralisent.

En un siècle, la France a expérimenté à peu près tous les modes de gouvernement : monarchie absolue, monarchie constitutionnelle, république, consulat, empire, parlementarisme, dictature simple ou mitigée. Les résultats en ont-ils été, sinon le parfait bonheur — des charlatans pourraient seuls le promettre — du moins un sentiment à peu près général de bien-être