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germe, tout au moins dans les cerveaux les plus affinés. Qu’est-ce que cette faculté de transmettre ou de recevoir la pensée sans le secours d’agents extérieurs, cette sorte de télégraphie sans fils, tour à tour exagérée par les simples, exploitée par les charlatans, raillée par les sceptiques, niée par les pontifes de la science sous le nom de magnétisme, admise aujourd’hui de tous sous le nom d’hypnotisme ? On rit du pressentiment, on admet l’intuition : jusqu’à quel point, cependant, l’intuition diffère-t-elle du pressentiment[1] ?


  1. Au fond, rien de merveilleux dans le pressentiment ou intuition. Étant donné que le hasard n’existe pas, que les faits réagissent les uns sur les autres, se déterminent, un cerveau assez vaste, assez affiné pour embrasser tout ce qui se fait, pourrait en déduire sûrement tout ce qui se fera : le résultat est donc tracé d’avance. Il n’y a rien d’extravagant à supposer que le cerveau des individus doués d’une nervosité excessive, saisissant des perceptions qui échappent à la masse, en tire spontanément, par un travail psychique, sorte d’opération algébrique, si prompte qu’elle leur échappe à eux-mêmes, des déductions qui déconcertent les esprits superficiels. Il y a, dans l’or-