Page:Malato - Philosophie de l'Anarchie, Stock, 1897.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.

abaissement ? Va-t-elle retourner à l’animalité ? Non, car après Schwarz qui invente la poudre, Gutenberg invente l’imprimerie et Colomb découvre l’Amérique. Les idées longtemps comprimées jaillissent, des sciences inconnues s’ébauchent et, pendant que la vieille scolastique chancelle sur ses bases, des novateurs attaquent l’omnipotence du pape. Au nom de l’Évangile ? Eh ! qu’importe ! l’esprit d’examen, de critique se révèle enfin. Aujourd’hui niant le pape, demain il niera le roi et il niera Dieu.

Comme toujours, hélas ! les penseurs et les héros sont minorité. Combien de Sigismond pour un Ziska, de Borgia pour un Rabelais ! Au prix de flots de sang, de minuscules libertés sont conquises par les bourgeois des villes, mais un despotisme n’est-il destiné à disparaître que pour être remplacé par un autre ? Dans l’air vicié, on ne respire qu’oppression : pontifes, seigneurs, rois, marchands, qui se succèdent, se gonflent d’or et de pourpre aux dépens de la masse.