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Mais, pendant que les Indiens adorent autant de dieux qu’ils eurent de tyrans, que les Perses vénèrent le soleil et les Chinois leurs dragons ; pendant que les pasteurs de Chaldée et d’Égypte fondent l’astronomie, que des Phéniciens affrontent la pleine mer pour se procurer non plus des armes de pierre mais des métaux, et que les conquérants de Ninive et d’Assur étayent sur d’épouvantables holocaustes leur puissance de rois-dieux ; pendant que des hordes de barbares mugissent aux portes du jeune monde, un peuple divinise la nature. Hardis, riants et mobiles comme les flots de cette Méditerranée au bord de laquelle ils viennent s’asseoir, les Grecs, race vivifiée par des éléments étrangers, échappent à l’atmosphère de servitude qu’on respire partout. En place de ces énormes divinités monolithiques qui attristent et qui écrasent, ils mettent des arbres, des ruisseaux, des fleurs ; les dieux que, par une aberration commune à toute l’antiquité, ils se donnent, ont, au moins, forme humaine et l’œil, fatigué par les blocs