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rendent l’homme esclave sur la terre, lui ouvrant en échange les régions vides du ciel, que les anarchistes doivent combattre sans pitié. Tout ce qui symbolise le mysticisme doit être brisé : l’autel, devant lequel l’homme agenouillé perd son moi, fait abstraction de son être ; le confessionnal, où un espion enjuponné se fait Dieu ; la croix, emblème de ces odieuses vertus chrétiennes : l’humilité, la résignation.

Vous êtes-vous jamais promené sous ces hautes voûtes, frappant du pied la dalle sonore qui vous renvoyait un écho ? Vous êtes-vous arrêté demi-perdu dans l’ombre des colonnades, fixant les vitraux gothiques où, parmi les rosaces violacées, se joue mystérieusement la lumière ? Avez-vous respiré cette odeur à la fois fade et pénétrante de l’encens, pendant que des chants inintelligibles montaient à votre oreille comme une harmonie d’outre-monde ? Oh ! tout est bien combiné pour saisir, annihiler l’être humain ; de cette ombre, de ces vitraux, de cet encens, de ces chants latins,