Page:Malato - Philosophie de l'Anarchie, Stock, 1897.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sont autrement sanglantes que ne le furent les combats de tribu à tribu et, si la révolution sociale universelle n’y met ordre, les guerres de race produiront des hécatombes épouvantables, mais, si, par suite des progrès incessants de l’outillage militaire et aussi du plus grand nombre de combattants engagés, les batailles modernes nous apparaissent plus redoutables[1], ces duels de peuples ont lieu à des intervalles plus éloignés, la cupidité d’un chef, le ressenti-

  1. Plus redoutables que les luttes de peuplades primitives, mal armées, ou que les rencontres du moyen-âge entre chevaliers bardés de fer qui pouvaient à peine se blesser, mais moins meurtrières que ces chocs de races qui remplissent l’antiquité : Grecs contre Perses, Latins contre Africains, Cimbres, Teutons, Germains. Alors, le massacre accompagnait et suivait toujours le combat : de là, ces cent cinquante mille hommes tués dans une seule bataille lors de l’invasion d’Attila en Gaule. Aujourd’hui, l’éloignement des combattants, l’écartement des rangs, tendent à neutraliser l’effet des armes modernes. Il semble d’ailleurs qu’il arrive un moment psychologique où, quel que soit le nombre d’hommes hors de combat, la résistance doive être brisée.