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à la poussée des fous, la vie sociale s’est améliorée, le cercle des découvertes et des jouissances s’est agrandi et tel bourgeois, acharné contre les novateurs de son époque, élève des statues à ceux qu’il aurait fait brûler vifs s’il avait vécu de leur temps.

La passion de la liberté a fait les Grecs vainqueurs de l’Asie, la passion de la haine a fait Annibal, la passion de l’aventure Cortez, Pizarre, Magellan, Cook, toute la foule des conquistadores et des grands navigateurs ; la passion de la science a fait Galilée, la passion de l’amour a inspiré Dante, Pétrarque, le Tasse et Musset, la passion de la justice a fait John Brown mourant pour l’émancipation des noirs.

Connaît-il vraiment l’existence, celui qui n’a jamais senti ses artères battre, son cœur se dilater, son être entier grandir à la pensée d’une femme à conquérir, d’un oppresseur à écraser, d’un péril à braver, d’un secret à arracher à la nature ou à la science ? Cet être amorphe et aphone, visqueux, glacé, n’éprouvant que des sensations mol-