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caserne, prêts à écraser le prolétariat russe agité des premiers frissons de vie consciente et de révolte. L’autocratie tsariste, avec ou sans l’empire allemand, eût fait la loi à l’Europe et à l’Asie, reculant pour longtemps l’échéance révolutionnaire.

Au contraire, la Russie chassée de la Mandchourie a subi chez elle le contrecoup de ses défaites : le régime tsariste a chancelé et, malgré ses fusillades de grévistes, n’a pu se sauver qu’en promulguant un semblant de constitution. La Sibérie, peuplée des descendants de déportés, est travaillée par les idées de démocratie sociale. La Pologne, la Lithuanie, la Volhynie, la Crimée, c’est-à-dire l’est et le sud, régions industrialisées, sont entrées dans le mouvement du prolétariat mondial. Reste, au centre, une immense Russie, enténébrée et esclave encore résignée, peuplée de moujicks dévots et de Cosaques barbares : c’est la Vendée russe et elle est formidable, mais son domaine, si vaste soit-il, se restreint insensiblement chaque jour. Des réseaux ferrés l’enveloppent, la pénètrent et y portent avec le mouvement des hommes celui des idées.

L’éveil de la Russie à l’activité révolutionnaire est un énorme élément de succès pour la révolution sociale, car il fait contrepoids à l’Allemagne impériale et, à moins d’un retour offensif victorieux de l’autocratie, l’empêchera de se ruer avec toutes ses forces sur l’Occident en gestation d’une société nouvelle.

Avec ses masses innombrables de prolétaires aux mœurs communistes, la révolution russe sera une marée montante à laquelle rien ne résistera. Ses vagues suc-