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Si l’on n’avait à tenir compte que des facteurs matériels, on pourrait prédire hardiment que le foyer de la révolution sociale sera l’Allemagne, car aucun État de l’Europe continentale ne peut aujourd’hui rivaliser avec elle pour le développement économique qui accentue forcément les antagonismes de classe. Mais l’esprit de révolte fait défaut à ses populations ; l’ouvrier allemand a la tendance organisatrice : il lui manque l’initiative qu’on peut encore rencontrer de temps à autre dans le prolétariat français.

À ce point de vue, la France, distancée sous le rapport du développement économique, conserve l’avantage. Elle possède à la fois dans sa moyenne bourgeoisie et dans son prolétariat une tradition et des réveils intermittents d’instinct révolutionnaire.

Plus révolutionnaire encore que la France, usée par un siècle d’industrialisme, s’annonce la Russie du xxe siècle. La différence de niveau entre l’esprit moderne et le régime tsariste est telle qu’un équilibre ne peut s’établir qu’après une rupture formidable. Le jour prochain où, par suite du développement des réseaux ferrés, l’élément industriel l’emportera sur l’élément agricole, la révolution sociale sera à la veille de s’effectuer en Russie.

L’issue de la guerre de 1901-1905 avec le Japon a été d’une importance capitale pour le peuple russe et pour toute l’Europe. Si la Russie eût été victorieuse, c’étaient des millions de sujets asiatiques, bons pour tous les asservissements, allant, industrialisés et militarisés, former un immense troupeau d’esclaves d’usine et de