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entre riches et pauvres, entre jouisseurs, asservis et réfractaires.

C’est de ce dernier élément surtout, les réfractaires, qu’il faut tenir compte, car il est le levain grâce auquel a, de tout temps, fermenté la pâte humaine. Sans lui les classes supérieures pourriraient lentement dans l’excès des jouissances et les classes inférieures s’éterniseraient dans leur sujétion. Et lorsque les premières, usées, amollies, sembleraient incapables de résister à la poussée des secondes, celles-ci, ayant en elles l’atavisme de la servitude, seraient devenues incapables de donner cette poussée.

Cela s’est vérifié dans la société romaine des Césars. Les esclaves, dont la situation s’était lentement améliorée et qui constituaient comme une queue de la plèbe, n’avaient plus, au ve siècle, la force morale de se révolter pour jeter bas l’édifice vermoulu dans lequel ils étouffaient encore et qu’en d’autres temps les Spartacus, les Eunus et les Athénion avaient failli renverser. Tout ce qu’ils purent faire fut d’ouvrir les portes de Rome aux barbares. Et ce furent ceux-ci qui refirent le monde !

Les évêques chrétiens, habiles politiques, ne s’y étaient pas trompés. Clairement ils avaient vu que les esclaves de l’Italie, pourris par les vices de leurs maîtres, étaient incapables d’un effort viril. Décidés à mettre la force de leur côté, ils s’efforcèrent de catéchiser les barbares pour régner par eux, quitte à les faire s’entr’égorger lorsque ces néophytes, repris par un sauvage réveil des instincts ataviques, se rebellaient