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létariat dont ils chercheront peut-être à modérer l’élan alors qu’il faudrait, au contraire, le précipiter.

D’autre part, dans l’avant-garde sociale elle-même, c’est-à-dire chez les anarchistes, règne un grand fond de mysticisme qu’on retrouve chez les révolutionnaires de toutes époques. Beaucoup, qui se croient de bonne foi des matérialistes et des athées, considèrent la révolution comme une sorte de personne vivante, douée d’une force intrinsèque, qui opérera des miracles, et l’anarchie comme une divinité dont l’apparition établira en un instant l’harmonie dans le monde. État d’esprit qui s’explique par l’atavisme ou le besoin invincible d’espérer et qui peut, comme chez tous les fanatiques, exalter les courages, mais qui n’en est pas moins pernicieux en ce sens qu’il détourne de l’étude des solutions sérieuses.

Car si les chefs socialistes se montrent enclins au modérantisme plus qu’il ne conviendrait à des hommes devant opérer la liquidation du monde capitaliste, ce que nombre d’anarchistes appellent « étudier » c’est simplement s’adonner à des discussions rappelant les disputes scolastiques du moyen âge. Ils oublient ou ignorent le monde vivant au point de méconnaître la répercussion des événements politiques sur les phénomènes économiques, et même de confondre deux choses distinctes comme politique et parlementarisme.

Il est donc facile de voir que si les phénomènes économiques et le travail des idées mènent inévitablement à la dissociation de la société capitaliste et des rouages de l’État qui la défendent, on se trouve dans