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et révolutionnaire du xixe siècle. Elle aura vraisemblablement des phases très violentes parce que les privilégiés ne se laissent jamais déposséder de bon gré et que les véritables révolutions ne sont jamais tirées au cordeau. Il est tout à fait hors de saison de parler, comme le font certains fraternitaires optimistes, d’une nouvelle nuit du 4 août. Le 4 août 1789 vit la noblesse française abandonner ses privilèges parce que l’insurrection parisienne du 14 juillet et le soulèvement des campagnes les lui avaient déjà arrachés.

Mais vaincre n’est pas tout ; si l’évolution économique, le travail des idées révolutionnaires au sein des groupements ouvriers et de l’armée, à qui, au moment psychologique, appartiendra le rôle décisif, montre l’échéance fatale à laquelle sera acculée la bourgeoisie capitaliste, on peut se demander si le prolétariat aura les lumières et la force nécessaires pour profiter de sa victoire.

Le prolétariat n’aura pas seulement à lutter contre la haute classe dont la dépossession apparaît fatale : il aura aussi à lutter contre la petite bourgeoisie et contre lui-même.

Contre la petite bourgeoisie qui se mêlera à lui pour renverser les détenteurs du grand capital, mais qui s’efforcera aussitôt d’accaparer leurs dépouilles et de réorganiser la société à son avantage exclusif en perpétuant le salariat peut-être sous d’autres formes.

Contre lui-même qui, ignorant, inexpérimenté, aura à éviter ces deux écueils : à droite le timide modérantisme, à gauche l’illuminisme révolutionnaire.