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esclaves que ne l’avaient été les anciens serfs, alors cependant que les apologistes de la bourgeoisie parlaient pompeusement de liberté politique, d’égalité devant la loi, d’immortels principes et de droits de l’homme.

Posé par la conspiration et le supplice de Babeuf, le problème social fut successivement abordé par les penseurs du XIXe siècle : Saint-Simon, Fourier, Enfantin, Cabet, Owen, Considérant, Pierre Leroux, Proud’hon, Karl Marx, Blanqui, Bakounine. En même temps, éclataient les révoltes de la faim et du désespoir ; des grèves presque toujours écrasées, puis deux grands batailles : Lyon 1831 et juin 1848.

Bien que l’insurrection du 18 mars 1871 ait été, à son origine, politique et patriotique beaucoup plus que sociale, elle doit être rattachée au mouvement prolétarien du siècle, car elle vit, dès le début, s’affirmer les antagonismes de classes. Les quelques bourgeois égarés dans le Conseil de la Commune au milieu des internationalistes et des blanquistes ne tardèrent pas à s’en apercevoir et à se retirer. Et, en effet, si la plupart des insurgés qui ne combattaient pas uniquement pour la solde quotidienne de trente sous, luttaient pour « conserver la république », sans se demander dans leur illuminisme ignorant ce que serait cette république, d’autres, proud’honiens ou collectivistes, rêvaient, en même temps que l’autonomie communale, une transformation économique. La Commune eut la timidité extraordinaire de n’oser pas mettre la main sur la Banque de France, mais le décret expropriant les industriels en fuite au profit de leurs ouvriers est une indi-