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misère et les ténèbres de l’ignorance, cete séparation qui pourrait recréer les luttes féroces de l’âge de pierre et les grandes exterminations antiques, peut encore être empêchée par une refonte sociale. Peut-être dans un siècle, au train vertigineux dont s’accentuent les caractéristiques de classes, serait-il trop tard.

En dépit du mot menteur « d’égalité » inscrit sur les murs, la différence est incontestablement plus grande entre le haut bourgeois employant le téléphone et le télégraphe, voyageant en automobile, en chemin de fer, bientôt en aéronef, et l’ouvrier menant encore à l’aube du xxe siècle, une vie de bête de somme, qu’entre le patricien et l’esclave de l’antiquité. Parfois cet esclave était plus instruit que son maître, tandis qu’aujourd’hui les branches du savoir étant devenues innombrables et innombrablement compliquées, il faut pour s’en assimiler une certaine somme, un temps et des ressources que ne possède point le prolétaire, ainsi condamné à croupir dans l’ignorance.

Cette refonte sans laquelle une partie de l’humanité, évoluant vertigineusement vers le type surhomme, périrait peut-être par pléthore cérébrale, tension de nerfs ou vie surchauffée, tandis que la partie asservie et ignorante rétrograderait vers l’animalité — une animalité viciée ! — cette refonte, ou fusion des individus et destruction des classes, comment pourra-t-elle s’accomplir ?

Ce ne sera certainement pas la bourgeoisie qui ira se mêler au peuple dont tout la sépare, non seulement la situation économique mais les idées, les habitudes, les