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L’épopée de la Révolution française servait de thème inépuisable à ceux qui remplaçaient toute analyse, toute recherche laborieuse de la vérité par de grands mots, passés à l’état de clichés, et de fortes images. Au lieu de reconnaître que ces mouvements révolutionnaires montraient surtout l’initiative d’une minorité d’avant-garde faisant vibrer et entraînant la masse, avec le concours des événements, à certains instants psychologiques, on glorifia la masse en grand en lui prêtant une sorte d’âme commune, permanente, faite d’abnégation, d’héroïsme et de génie.

La vérité est autre : la vérité est que la masse comprend tous les éléments, les plus purs comme les plus abjects, les héros magnanimes comme les fauves lâches et féroces.

Chacun de ces éléments, fruit de son milieu et de l’atavisme, peut, à l’heure fatidique où se rompent violemment les vieux cadres, exercer une action sur ceux qui l’entourent. C’est de là que viennent les scènes si changeantes, si contradictoires des révolutions : tantôt sublimes ou généreuses jusqu’à la folie, tantôt féroces ou grotesques.

On peut dire ces choses et on doit les dire sans pour cela prétendre justifier au nom des lois naturelles et de la science l’asservissement de la plus grande partie de l’humanité par les minorités privilégiées. Ces minorités, d’ailleurs, elles aussi, ont leurs tares et si l’excès de privations et de travail entraîne fatalement chez les déshérités une misère morale et physique qui, à moins d’une révolution profonde, consacrera la dégé-