Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’ouvrier des villes, passant ses journées dans la lourde atmosphère de l’usine et ses nuits dans un galetas trop exigu pour lui, sa femme et ses enfants, galetas où, le plus souvent, l’air et la lumière font défaut.

L’air pur, le soleil foyer de chaleur et de lumière, l’eau limpide sont les trois grands facteurs de la vie, la véritable trinité bienfaisante par laquelle se conservent ou renaissent les énergies physiques et morales. Malheureusement ce n’est pas pour tous les humains qu’ils soufflent, brillent et coulent.

Les soins d’hygiène ne font que trop défaut à la classe ouvrière. Bien qu’elle ait accompli quelques progrès sous ce rapport et que l’eau soit aujourd’hui à la portée du plus grand nombre, le temps est trop limité aux esclaves de l’atelier pour qu’ils consacrent de longs moments aux ablutions totales nécessaires. « Et puis, à quoi bon ? pensent-ils en se lavant superficiellement la figure et les mains ; dans quelques instants nous serons suants, poudreux, blanchis par le plâtre ou noircis par la fumée. La toilette est pour nous un luxe inutile. ».

Chez nombre d’ouvrières la coquetterie, qui semble pourtant innée en la femme, n’est même plus un stimulant salutaire. Être coquettes ! Pour qui ? Pour l’homme au bourgeron crasseux, qui sent le tabac et l’alcool. Et alors les unes, se laissant aller, se résignent à la vie de bêtes de somme malpropres ; les autres, rêvassant de héros de roman et avides de sortir de leur cage, se laissent facilement séduire par des demi-bourgeois qui les abandonnent neuf fois sur dix, leur caprice satisfait.