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fédérées, développement de la production, suppression du parasitisme religieux, militaire et civil, suppression des lois et codes édifiés pour la défense de la société bourgeoise, destruction des barrières de castes, harmonisation des intérêts humains au lieu de la féroce concurrence, épanouissement d’une morale de liberté et de solidarité, telle est la conception du socialisme libertaire ou anarchiste.

Cette conception, si large et si haute, se matérialisera-t-elle ? Sera-t-elle un beau rêve réalisé seulement en partie et, comme l’admettent nombre de penseurs même anarchistes, l’asymptote d’une courbe dont l’humanité se rapprochera indéfiniment sans jamais l’atteindre ? Nul n’est à même de prophétiser à coup sûr : on peut cependant des progrès accomplis péniblement au cours des âges déduire ceux que réserve l’avenir.

Il est vraisemblable qu’une moyenne s’établira en fin de compte, après beaucoup d’oscillations, entre la société bourgeoise d’aujourd’hui et la société entrevue par l’avant-garde anarchiste du socialisme révolutionnaire. Une loi historique, mise en lumière par Kropotkine[1], montre que les révolutions peuvent être vaincues, ou plus exactement peuvent s’épuiser comme s’épuisent le cyclone et la tempête, elles n’en accomplissent pas moins leur œuvre, détruisant les institutions

  1. L’anarchie dans l’évolution socialiste, brochure, par P. Kropotkine.